Au Maroc, le peuple occupe les vides que laisse le pouvoir. Dans absence d’autorités capable de diriger et de communiquer avec la transparence que dictent les temps, car les temps sont les mêmes à Marrakech qu’à New York ou à Madrid, le peuple du Maroc, ou cette mosaïque de peuples qui composent ce morceau de Maghreb, émerge.
Et il le fait avec solidarité, générosité et douleur authentique, comme celle des mères au cœur brisé qui ont perdu leurs enfants dans les villages de pisé et de paille de l’Atlas, comme celle des reporters de la télévision marocaine qui fondent en larmes vivent inconsolables. Avec la même authenticité avec laquelle les mères des joueurs de l’équipe marocaine de football, l’inattendu demi-finaliste de la dernière Coupe du Monde, ont embrassé le « Lions de l’Atlas » – qui ont donné l’exemple en faisant la queue pour donner leur sang à Agadir ce samedi – à la fin des matchs.
Avec la même solidarité avec laquelle ils se sont tournés au début de l’année dernière pour tenter de sauve le garçon Rayan d’un puits construit dans les montagnes rifaines, le autre chaîne de montagnes qui traverse la géographie et la conscience collective du Maroc.
Il y a un roi qui présidait samedi après-midi une réunion d’urgence, qui décrète une mobilisation totale et trois jours de deuil national, mais reste une figure lointaine et mystérieuse loin de la douleur de la rue. Ce n’est pas ce qui inquiète le plus les dizaines de milliers de familles qui, si elles ont sauvé leur vie, ont tout perdu ces jours-ci, mais sûrement le reste de cette ville, de Ouarzazate à Tanger, j’apprécierais d’avoir un gouvernement, des autorités, capables de leur dire la vérité. Et qu’ils tentent de les réconforter dans leur douleur et leur désarroi, même si c’est à travers un écran.
Mais cela n’a pas été le cas. Les héros, comme presque toujours dans ce pays, sont des anonymes. Les agents des forces de sécurité et militaires de l’Armée marocaine, volontaires, membres de la protection civile et des milliers de volontaires venus de tout le pays qui travaillent, presque toujours dans des conditions précaires, contre la montre dans les provinces les plus touchées par le séisme. Malgré la bonne volonté de tous, le nombre de morts continue de s’alourdir. Et cela continuera à le faire demain et après-demain.
Les dernières données de ministre de l’Intérieur Ils parlaient ce dimanche à seize heures de 2.122 morts et 2.421 blessés. Par province, le bilan tragique est mené par Al-Hauz, qui restera dans la plus triste histoire du Maroc avec 1.351 morts, suivi de Taroudant avec 492 morts et Chichaua avec 201. Dans la préfecture de Marrakech, 17 décès ont été enregistrés cet après-midi. Au total, personne ne doute que le solde réel va continuer à augmenter dans les heures à venir.
Le dimanche, comme tout le week-end, a donc été celui avec des enterrements précipités. La douleur et le fatalisme – inextricablement liés à la profonde religiosité des Marocains – dominent, pour de très nombreux Marocains, contre la volonté de Dieu et de la nature, il n’y a pas grand-chose à faire; Mais peu à peu, une réflexion s’impose sur ce qui doit être changé pour que dans les futures catastrophes naturelles comme celle de cette semaine, comme celle d’Al Hoceima en 2004, parce qu’il y en aura toujours, le bilan en vies humaines et en souffrance ne soit pas si terrible.
Le tremblement de terre d’Alto Altas a également été la première tragédie 2.0 de l’histoire du Maroc. Le suivi en direct, minute par minute, proposé par les médias numériques, qui est venu comme une bouffée d’air frais dans l’univers médiatique marocain – non regorgeant de médias critiques et audacieux – malgré le parti pris officiel de la quasi-totalité d’entre eux. Beaucoup de ces médias vantent dans leurs principaux titres en ce moment la solidarité de l’Espagne, l’un des rares pays dont le Maroc a accepté l’offre d’aide.
De la même manière Twitter, maintenant le réseau social Xle moyen moyenest également devenu le référence informative pour des centaines de milliers de Marocains, dans des moments comme celui d’aujourd’hui. La démocratie, à sa manière, s’y fraye un chemin en l’absence d’autres canaux de représentation dans ce pays. Les gens veulent des informations, ils savent que les paroles et les discours sont influencés par le diable et la propagande et ils commencent à s’habituer à la froideur des données qui, si elles le mensonge grossier n’intervient paspeut-être plus fiable.
Comme la démocratie, et aussi gigantesque que soit la tragédie, La vie fait son chemin au Maroc. Alors que dans les géographies du Maghreb berbère, avec ses innombrables villages et maisons effacés de la carte après le tremblement de terre de vendredi dernier, les militaires s’affairaient à retrouver des survivants dans les décombres ou à récupérer des corps dans les décombres, à Marrakech la situation commence à se dégrader. une nouvelle normalité. Inévitablement. Et qu’aujourd’hui dimanche, il y a eu deux autres tremblements de terre, un le matin et un autre après midi.
hier après-midi Place Jamaa El Fna, Le cœur de Marrakech était déjà l’agitation d’autrefois, avec ses conteurs et ses charmeurs de serpents, et ses échoppes fumantes vendant des brochettes et du jus d’orange dilué avec de l’eau. Les touristes ne manquaient pas, même si beaucoup d’entre eux continuaient à raconter en anglais ou en espagnol ce qu’ils avaient vécu ces dernières heures à leur famille et à leurs amis situés de l’autre côté du téléphone et du détroit.
Bien entendu, une fois les objets artisanaux endommagés inspectés, les vendeurs de la place et de toute la médina se sont remis à vendre leurs produits, bien qu’avec un ou deux tons plus bas. La seule anomalie apparente, Aux secteurs de la médina les plus touchés par le choc de vendredi, avec ses montagnes de décombres et ses maisons en ruine, s’ajoutent les groupes de personnes qui attendent tard dans la nuit dans les parcs et les esplanades, de peur de dormir chez elles. Avant l’inévitable aube d’une semaine qui sera longue et cruelle.